La crise que nous vivons est suffisamment profonde pour que l’Europe des années 30 semble un prisme parfois pertinent pour lire l’actualité de l’UE et de la France. Le besoin frénétique de réponses qui l’accompagne constitue un appel d’air pour des mouvements idéologiques et politiques dangereux. Ils rassemblent des gens qui pensent détenir la vérité sur ce que doit être une vie humaine rapportée à une fin ultime. Ils sont dans une logique religieuse et veulent la transposer dans le politique.
Ils nous expliquent que pour que la situation se rétablisse il faut que les individus adoptent des conduites prédéfinies par leur dogme, abdiquant leur libre-arbitre, aspirations personnelles, etc… Ils sont engagés dans une logique mortifère et déshumanisante car, qu’ils s’en rendent compte ou non, ils sont dans un projet d’appropriation des individus, de leurs vies, et – symptomatiquement – du corps des femmes… Ils sont investis dans une démarche oppressive et donc destructrice. Mouvements, associations, groupes porteurs de ce type de projet ne peuvent pas ouvertement s’en réclamer, ils ne peuvent que s’inscrire indirectement dans une démarche politique, en jouant sur les mœurs.
C’est en effet pour eux le seul angle envisageable pour avancer leurs pions dans le cadre de notre République laïque basée sur le respect des droits fondamentaux. Entre le règne de l’Etat de droit – où sexisme, homophobie, racisme et antisémitisme sont sanctionnés par la loi quand ils trouvent à s’exprimer -, et la réelle et profonde légitimité de la démocratie qui demeure ancrée dans les esprits, il n’y a en effet pas de place pour la défense d’un projet politique reposant ontologiquement sur la négation des droits fondamentaux.
C’est donc dans le cadre de manifestations concernant la reconnaissance du droit à l’interruption volontaire de grossesse et contre le mariage pour tous que se mettent à hurler – comme par accident mais ce n’en n’est bien sûr pas un – les idéologies sexiste, raciste, antisémite et homophobe… Le cri glaçant passe d’ailleurs par la bouche d’enfants dont on se demande ce qu’ils font là, otages/outils assujettis aux marottes obsessionnelles des générations précédentes. En tout état de cause, la lutte sur le terrain des mœurs est comme un couvercle jeté sur une cocotte qui a atteint la pression maximum : les soupapes de pression accidentelles – ces enfants– laissent le sifflement des vapeurs délétères nous déchirer les oreilles.
La remise en cause des droits des femmes marche donc main dans la main avec l’antisémitisme, l’homophobie, le racisme… Il s’agit bien sûr d’un conflit irréductible, dont le front est extrêmement large. Il faut aux citoyens, militants et politiques républicains tenir ensemble toutes les positions. Ce n’est pas ce que l’on fait lorsque l’on s’en prend systématiquement aux Rroms, ou que l’on assimile des actions des Femens à celles de mouvements d’extrême-droite. En tout état de cause, une chose est sûre : le projet de destruction est bien en face, et certainement pas, par exemple, parmi les défenseuses et défenseurs de l’IVG. L’interruption volontaire de grossesse n’est pas un acte mortifère. La seule destruction à laquelle elle procède, c’est celle de situations insensées et hautement dangereuses dans lesquelles les femmes sont prises au piège de grossesses non désirées. La reconnaissance du droit à l’IVG est créatrice de chances de vie, dans l’épanouissement du libre-choix.
MOAM BOAM 