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Genève II hors de toute raison

Genève II est la déclinaison d’un cauchemar technocratique stérile appliqué à la politique internationale. Il tourne sur lui-même dans un mouvement perpétuel rendu possible par tout un ensemble de procédures, d’institutions, de pratiques, de renonciations bien comprises et de banalisations. Il est indifférent à ce qui est bien – le respect de la vie humaine, des fondamentaux dans lesquels prennent racine notre vie commune, dans la sororité et la fraternité humaines.

A Genève II on légitime le bourreau et son système en les mettant sur un pied d’égalité avec ses victimes. Comme si c’était possible. Ils sont supposés s’ « entendre » : après ou avant destruction des corps ? Dans les rangs des rebelles il y a certainement des criminels et des fanatiques de la mort – s’ils ne l’étaient pas, les atrocités en auront mis certains sur la voie, sans parler de l’immixtion dans leurs affaires de l’internationale du djihad. Mais Bachar et ses émissaires sont eux les tenants de la terreur d’Etat et de la guerre totale. Ils mettent en œuvre une stratégie d’attrition, un Holodomor à la Syrienne. Et on arrive à cette situation incroyable où la légitimité de l’opposition syrienne à négocier est remise en question au nom de sa division, alors que celle du régime de Damas n’est pas questionnée.

John Kerry s’est adressé à ses interlocuteurs en déclarant : « Vous ne pouvez sauver la Syrie de la désintégration tant que Bachar Al-Assad demeure au pouvoir ». Mais qui imagine encore que ces gens ne veulent pas brûler le monde pour se repaître de ses cendres ? Ils sont dédiés corps et âme à la destruction de ce pays. Ils aspirent à créer autre chose, quelque chose qui n’appartiendrait qu’à eux, et qu’ils pourraient à nouveau manipuler, saccager ou détruire comme bon leur semble. Le seul souci est qu’il y a des millions d’êtres humains dans ce « quelque chose ».

Et l’ONU – soit dit en passant – est probablement l’une des institutions qui travaille le plus à ce qu’une aberration comme Genève II prenne pied dans la réalité. Cette institution n’est que le lieu – nécessaire – où s’organise le « dialogue » des nations. Il est néanmoins scandaleux qu’on la laisse entre autres choses endosser le rôle de protectrice des droits humains et de distributrice des bons de légitimité à agir quand un massacre de masse ou un génocide se préparent – ou sont en cours.

Elle est elle-même un modèle d’organisation technocratique, jouet de stratégies politiques qui n’ont rien à voir avec la définition d’une ligne politique respectueuse des droits humains. Les démocraties réunies en communauté devraient jouer ce rôle, et c’est désespérant qu’un tel projet ne soit nulle part à l’étude au vu notamment du danger absolu que représentent pour elles les dictatures Russe et Chinoise en tête : elles n’ont pas oublié, elles, qu’elles ne sont les amies de personne mais des prédatrices redoutables et aux aguets.

Pour en revenir à Bachar Al-Assad, il s’est sorti lui-même du cours « naturel » des choses humaines en gazant des populations entières et en en faisant mourir d’autres à petit feu. On ne négocie pas avec lui ni avec ses émissaires. Est-ce que Genève II aura la moindre utilité ? Peut-être, peut-être pas, c’est en tout cas un désastre de légitimer une telle monstruosité.

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